L'art sacré

L’art sacré

« L’art sacré prend de nombreuses formes, visuelles figuratives ou abstraites, sonores, verbales et musicales (poésie, chant, musique). Il est là avec ses règles et son esthétique propre pour accompagner, évoquer, inspirer, accroître les multiples sentiments qui accompagnent la pratique religieuse et les manifestations de la spiritualité : exprimer la foi, susciter le dépassement des limites, créer ou évoquer le lien avec le supra mondain à travers le beau ou le terrible, exprimer la ferveur des fidèles, induire l’extase, figurer l’amour, la compassion ou le courroux….Il est le médium entre le visible et le dicible d’une part et l’indicible et l’invisible d’autre part.»

Philippe Cornu (histoire des religions)

« Ce n’est pas le produit qui fait que l’art est sacré, c’est l’artiste et le processus qu’il suit pour faire de l’art qui en font une expression, des qualités éveillées (…) Si l’inspiration vient de la source son expression apportera une transformation et conduira l’artiste vers un nouvel endroit (…) Le fondement de l’art sacré est notre connexion à l’espace de l’être à la lumière de la conscience et à la chaleur de la compassion : le refuge intérieur »

Tezin Wangyal Rinpoché

« Qu’est ce que dessiner ? C’est l’action de se frayer un passage à travers un amas de fer invisible qui semble se trouver entre ce que l’on veut et ce que l’on peut ! »
Van Gogh

Dans le bouddhisme tibétain, le pratiquant utilise de nombreuses méthodes de méditation pour parvenir à la paix intérieure et connaître la nature de son propre esprit. L’une d’entre elles consiste à utiliser comme support de méditation une Thangka. Une peinture sur toile figurant des représentations symboliques sous forme de divinités, qualités naturelles de notre nature profonde. La peinture des Thangkas est un art sacré qui ne laisse pas de place à l’inspiration personnelle. Elle ne sert pas à l’artiste à exprimer sa personnalité, car les sujets représentés sont codifiés.
L’artiste doit respecter les canons qui permettent à la thangka de transmettre son message, d’être appréhendée par le méditant dans sa symbolique et dans l’énergie qui en émane. Cet art sacré est à l’opposé de l’art pour l’art.
L’art sacré est une production artistique comme la peinture, la danse, La musique Mudras, ayant pour but l’expression du sacré.

« Si le trait obéit à la main et reflète la vision de l’artiste, il reflète aussi sa propre sensibilité, son propre cheminement, il obéit alors aux notions de rythme, de sonorités, même de couleurs ».
Comme le disait Eugène Delacroix.
 
Dans le trait qui chante, qui forme, la blancheur du papier ouvre soudain le domaine de l’inconnu, du vide, du silence, de l’indicible… Et ce trait qui, en occident, se veut « pensé », saisissant, séduisant, qui enferme et délimite comme un jugement ce qu’il renferme, transcende ici le domaine du visible afin de manifester chant intérieur, lumière de l’entendement, « Souffle qui se mêle à celui de l’Univers ».
 
« En faisant taire son cœur, on ne fait plus qu’un avec le cosmos, avec la grande force créatrice. En peinture, ce but se confond avec celui que veut atteindre l’artiste : s’unir avec ce qui, dans toute chose, exprime le principe, l’unité ».
Mai-Mai-Ze, peintre et maître taoiste
 
Aussi peut-on s’avancer à dire que le trait « pense » la forme en quelque sorte, afin d’ordonner et de clarifier la vision que le méditant ou l’artiste peut en avoir quand sa main prend le pinceau… C’est par le trait que la forme va s’ébaucher, comme la pensée par l’intellect, puis se préciser telle la brume qui, en se dissipant, en révèle les contours.
« Extrait du livre : mandala et art tantrique tibétains ».