Judit Tóth nous propose un témoignage photographique émouvant accompagné de descriptions qui illustrent son engagement profond et durable en faveur des vieux réfugiés tibétains . En ces temps perturbés où les réfugiés de nombreux pays du monde font la une des journaux et où de nombreux exilés meurent en traversant la Méditerranée, il n’ est pas inutile de se repencher sur le sort des réfugiés tibétains qui sont aujourd’ hui largement les oubliés de l’ histoire. La culture tibétaine s’ est enrichie avec les deux grandes civilisations de ses voisins immédiats :Celle de l’ Inde ( à l’ ouest et au sud) et de la Chine ( à l’ est)tout en développant une civilisation propre, très originale .L’ écriture tibétaine est d’ origine indienne , la médecine et l’ astrologie tibétaines ont fait des synthèses des traditions chinoise, indienne et dans certains cas , persane . Son architecture est unique et adaptée à la géographie du haut plateau. A la suite de l’ annexion en 1950 par la République Populaire de Chine , le Tibet est devenu partie intégrante de la Chine et a été divisé en une « région autonome du Tibet » et quatre « préfectures autonomes Tibétaines » ( la région et les préfectures n’ ayant pas en réalité contrairement à leur nom officiel aucune autonomie par rapport à Pékin). Ce « Pays des neiges » constitue en fait une immense région ( plus de 2,2 millions de km2) qui représente un quart de la Chine, soit une superficie plus étendue que celle de la France, de l’ Italie, de l’ Allemagne du royaume -uni et de l’ Espagne réunies. Le Tibet qui est par sa superficie encore plus vaste que la Mongolie, Aurait pu connaître sort analogue à ce pays.En effet, une partie de la Mongolie a été certes annexée par ses voisins,La Chine et la Russie, mais la plus grande partie de territoire mongol est demeurée à ce jour un pays indépendant. En outre les Mongols partagent avec leur voisin le Bouddhisme tibétain. Les » impérialistes occidentaux » ont sans doute contribué à sceller le Sort du « Pays des neiges ». En effet, l’ empire chinois ( mandchou) n’ a pas du tout apprécié queLes Britanniques aient envahi le Tibet en 1904 suite au grand jeu qu’ ils se livraient avec les Russes. Un an seulement après la création de la république populaire de Chine en 1949 les communistes Chinois n’ ont eu aucune difficulté, avec une armée d’un million d’ hommes, à envahir le territoire de leur voisin.D’ autant plus que le Tibet est pour une grande part, un désert d’ altitude où seules certaines régions et notamment les basses vallées du Plateau sont suffisamment hospitalières pour être habitées et qu’ à l’ époque il ne comptait qu’ environ 6 millions d’ habitants . Après l’ invasion, les tibétains ont mené une guérilla contre l’ occupation chinoise jusqu’ en 1974, puis ils se sont résignés, en apparence. Il ne restait aux Tibétains qui ne souhaitaient pas se plier au dictat chinois que « le choix » de l’ exil ou de l’ emprisonnement. Entre- temps, la Chine est non seulement devenue l’ une des plus grandes armées du monde, dotée de l’ arme nucléaire, mais elle est en passe de devenir une des premières puissances économiques mondiale.Pour le gouvernement de ce grand pays surpeuplé et confronté. à des problèmes écologiques majeurs, le Tibet représente un territoire stratégique important . En effet, d’ une part, il constitue le château d’ eau de l’ Asie, et d’ autre part, son sous -sol est riche en minerais. C ‘est pourquoi gouvernement Chinois n’ a aucune envie de desserre son étau sur le Tibet . Bien sûr, lesTibétains ne sont pas les seuls à subir une répression et un contrôle terrible de Pékin: Les ouïghours, population turcophone, et même les habitants de Hong Kong en savent quelque chose….Même les intellectuels chinois en font aussi les frais, comme le prix NobelDe la paix 2010, Liu Xiaobo, mort dans les geôles chinoises en 2017 .A présent, la partie semble jouée pour le Tibet, car les pays occidentaux ont cessé d’ évoquer le sort de ce pays annexé par la République Populaire de Chine en 1950. Toutefois on risque d’ entendre encore parler du Pays des neiges notamment pour des raisons liées à la catastrophe écologique qui se profile à l’ horizon. En effet, bien qu’ il recèle les plus grandes quantités d’ eau avec les pôles, le haut plateau tibétain et l’Himalaya sont touchés de plein fouet par le réchauffement climatique et cela provoque une fonte accélérée des glaciers . Or les glaciers constituent avec les lacs et les nappes phréatiques, les principales réserves en eau donnant naissance aux grands fleuves d’ Asie: Le Yarlung Tsangpo ( Brahmapoutre), le fleuveJaune ( Huanghe). le Yangzi Jiang, le Mékong, l’Indus, le Gange ect.. Tous ces fleuves naissent sur le haut plateau tibétain et proviennent en grande partie des glaciers. La disparition des glaciers implique une réduction drastique du débit des fleuves et des rivières. Un autre raison de s’ intéresser au Tibet tient au fait qu’à la catastrophe écologique se greffe une catastrophe sanitaire .En effet les scientifiques Chinois ont montré que de nombreux virus inconnus qui étaient emprisonnés dans les glaces pourraient émerger à la suite du réchauffement climatique et entraîner la résurgence de souches disparues..Les Tibétains ont traditionnellement préservé les liens respectueux avec la nature impressionnante qui les entoure, mais les nouveaux maîtres du pays ont d’ ors et déjà contribué à une détérioration notable de l’environnement du haut plateau . Les premiers réfugiés Tibétains sont arrivés en Inde en grand nombre à la fin de l’ année 1959, et les vagues d’ émigration se sont poursuivies jusqu’ à maintenant . Leur désespoir est tel qu’ à partir de 2009 jusqu’à aujourd’hui plus de 150 se sont immolés.Toutefois une grande majorité a choisi la non – violence et les pratiques spirituelles qui valorisent la paix intérieure suivant, en cela , les enseignements du Dalaï-Lama. C’ est peut-être cette attitude qui a frappé Judit, lorsqu’elle a découvert les premiers camps de réfugiés en 1999. On peut sans doute mieux comprendre le dévouement et l’ affection de l’ autrice pour ce livre pour ces réfugiés si l’ on connaît quelques éléments de son histoire personnelle . Judith est née en 1967 en Hongrie. Elle a été élevée seulement par sa mère ,son père ayant quitté la famille pour émigrer aux états-unis. Après des études de chimie en Hongrie, elle commencé a travailler comme préparatrice mais a vite réalisé que ce n’ était pas sa voie. En quête d’ un nouveau chemin de vie, elle s’ est installée d’ abord en Belgique où elle a séjourné pendant 8 ans, puis elle a émigré en France. Au passage elle a appris à parler les langues néerlandaise, Française et Anglaise. C’ est à la fin des années quatre-vingt-dix, au cours d’ un voyage auLadakh, que Judit a découvert les camps de réfugiés Tibétains, au nord de l’ Inde. Elle s’ est rendue par la suite à Dharamsala, où se trouve la plus importante communauté tibétaine et la siège du gouvernement en exil. Dés le premier contact, les vieux tibétains vivant dans des conditions précaires ont surement touché Judit, qui était elle aussi , une exilée volontaire, mais ans attache .A partir de 1999, elle est revenue en Inde plusieurs mois par an pour se consacrer à ces vieux réfugiés. En 2001, afin de poursuivre cet objectif, elle a fondé l’ association Drolma. Ces exilés sont devenus sa véritable famille. Elle connait par coeur les noms de tous ces protégés dont elle s’ occupe avec beaucoup de tendresse. Beaucoup ont quitté cette vie depuis les années quatre-vingt dix. Les plus jeunes ne sont pas nés au Tibet mais dans les camps, en exil. Comme elle a écrit elle même, ces réfugiés l’ ont en fait profondément transformée. En apportant cette aide, elle a reçu un véritable enseignement. Remercions donc chaleureusement Judit pour son témoignage poignant, à propos des réfugiés et pour son engagement fidèle envers ces populations oubliées .DC RABTEN
